Zabriskie Point : Antonioni dans le désert des mirages américains
Zabriskie Point (1970), odyssée désertique de Michelangelo Antonioni, catapulte l’Italien dans l’Amérique fiévreuse des sixties, entre révolte étudiante et mirage hippie. Mark, fugitif en avion volé, croise Daria, muse égarée d’un promoteur véreux, dans l’immensité ocre de Death Valley. Leur idylle, ponctuée d’une orgie chorégraphiée et d’une explosion consumériste en slow-motion, moque l’utopie flower-power avec une ironie élégante. Porté par Pink Floyd et des paysages plus éloquents que les dialogues, ce film, flop retentissant à sa sortie, dissèque le vide d’une génération perdue entre slogans et panneaux d'affichages publicitaire. Antonioni, étranger narquois, filme l’Amérique comme un ethnologue sous acide : un tableau sublime, bancal, mais inoubliable. Plongez dans ce désert où les rêves s’effritent, grain par grain.
